« Je n’aime pas être enceinte ! » Mal être ou dépression prénatale ?
Comme Sophrologue, j’accompagne les femmes enceintes tout au long de leur grossesse.
Mon approche thérapeutique est celle de l’écoute de leurs ressentis tant physiques que mentaux. Le but étant de trouver ensemble les solutions les plus adaptées à chacune pour vivre au mieux ces mois de profondes transformations.
Mon constat est que le bonheur « systématique » n’est pas au rendez vous de toutes les futures mères.
C’est sur la base de ce constat que je souhaite éclairer cet aspect encore mal connu de la maternité.
Vous êtes enceinte et cela ne vous plaît pas !
C’est ce que vous ressentez au quotidien et ce mal être est renforcé par les images que la société et la famille vous renvoient.
Les mots et les images symbolisants la maternité évoquent un impératif de bonheur et de félicité.
« Attendre un enfant … » Attente impatiente, fébrilité heureuse.
« Porter la vie …. » L’extraordinaire du miracle de la vie.
Tous les symboles visuels de la maternité ne montrent que des visages souriants, des corps exposés fièrement, laissant entendre que vous vivez le plus beau et épanouissant moment de votre vie.
Et bien pas vous !
Vous ne supportez pas d’être enceinte et cela vous inquiète et vous culpabilise car au regard de votre entourage « ce n’est pas normal »….
Alors comment faire quand les ressentis négatifs dominent ?
Quand vous subissez votre état au lieu de vous épanouir dans « l’apogée de votre féminité » ?
Devenir mère dés la lecture du test de grossesse ?
Pas si simple !
Si l’instinct maternel existe sans nul doute, il n’appartient pas à toutes les femme enceintes.
A celles qui ne le ressentent pas, la société renvoie une image « d’anormalité » lourdement culpabilisante.
Pourtant ne pas aimer être enceinte n’annonce absolument pas le fait de devenir une mauvaise maman.
Car le désir d’enfant est différent de celui de la grossesse.
Quand les mois de grossesse sont un long parcours inconfortable qu’il faut endurer par nécessité … il devient alors tout à fait légitime de dire « je n’aime pas être enceinte ! »
Certains « One Women Show » , avec une présentation comique décrivent bien le tabou, le secret même qui entoure les « inconforts » de la grossesse !
( Florence Foresti - La grossesse )
La maternité, une révolution interne ?
Oui, on peut parler de profondes transformations à la fois physiques et mentales.
Le corps change au fil des mois de grossesse.
Ces changements majeurs sont parfois vécus comme insupportables !
- Les changement physiques
La sensation de ne plus avoir le contrôle de son propre corps, de s’en sentir dissociée.
La fatigue, les nausées, les douleurs vous empêchent de mener votre vie comme avant.
Tous les aspects de votre quotidien sont impactés, jusqu’à votre sommeil et votre alimentation.
Notez ici qu’avec votre sommeil et votre alimentation perturbés c’est votre énergie et votre récupération physique et mentale qui sont touchés ….
La sensation que votre corps est « investi » par une petit être arrivé là comme par effraction.
Le contrôle de votre poids ne vous appartient plus vraiment, il est à présent guidé par l’évolution « normale » de votre grossesse.
Vous percevez parfois ces kilos comme l’abandon du corps que vous aviez « avant »….
Et pour certaines le renoncement à une part de votre féminité.
En toute objectivité, ressentir ces changements physiques majeurs comme dérangeants, envahissants ne sous entend pas que vous n’aimez pas votre bébé, vous exprimez des faits, la réalité de vos ressentis … c’est TOUT !
Vivre tous ces changements physiques c’est une VRAIE épreuve !
- D’autres changements physiques sont invisibles, vos hormones.
Totalement liées à votre grossesse vous subissez un véritable « bain hormonal ». Indispensable à votre grossesse, il modifie vos réactions émotionnelles.
Vous passez de la bonne humeur à la profonde tristesse en quelques minutes sans pouvoir y changer quoi que ce soit.
Vous perdez le contrôle de vos émotions et l’on évoque parfois un « chaos émotionnel »
- De profonds changements psychologiques tout à fait inconnus
La réalité d’une vie qui grandit en soi peut sembler angoissante particulièrement si c’est la première fois.
Votre vie n’est plus sous votre contrôle mais rythmée par les obligations médicales en lien avec votre état.
Votre vie entière doit s’effacer, travail, loisirs, vie sociale et amicale, pour faire de la place au suivi de votre grossesse.
Enfin, vos émotions chamboulées peuvent faire resurgir des blessures jusqu’alors en sommeil…Relations familiales difficile, conflits.
Votre propre histoire s’invite dans ses aspects les plus sensibles alors que vous êtes justement fragilisée par vos fluctuations hormonales.
Vous vivez des modifications psychologiques majeures.
Vous devenez à votre tour mère, vous n’êtes plus seulement la fille de votre mère et ce nouveau positionnement identitaire vous rend vulnérable.
Au même titre que l’adolescence, devenir mère est une étape importante de votre développement psycho-affectif.
Votre place au sein du couple change, de simple partenaire vos devenez parent.
Je précise ici que le conjoint peut tout à fait éprouver les mêmes difficultés à endosser en un claquement de doigts sa nouvelle position de futur parent…
Alors se sentir fragilisée, en perte de repères, ballottée dans cette tempête
psychologique c’est NORMAL !
Osez la liberté de parole ?
Cela peut sembler effrayant d’oser parler !
En effet dire que la grossesse n’est pas le meilleur moment de votre vie vous expose aux critiques.
Vous remettez en question les normes sociales et tous les présupposés de « l’idéal de maternité »
Alors oui, les premiers mots surprendront votre famille, vos amis, mais n’en doutait pas ils seront libérateurs.
Le conjoint prend toute sa place dans la simple écoute bienveillante, sans jugements, c’est un réel encouragement à la liberté de parole en installant autour de vous un climat sécurisant.
Parler, s’exprimer c’est avant tout poser des mots sur vos ressentis négatifs et aussi les partager avec les autres.
Ce qui était « votre secret » prend sa place, sa légitimité dans votre quotidien, auprès de vos proches et vos angoisses s’apaisent.
Faites savoir qu’il n’y a pas de normes qui vaillent dans l’expression de l’amour et des émotions.
Qu’il n’y en a pas plus dans la manière d’aborder la métamorphose de son corps et de son mental.
Faites savoir également, parce que c’est une réalité, que toutes les femmes avouent à un moment de leur grossesse avoir rencontré des difficultés.
Vous n’êtes pas la seule !
Vos paroles construisent votre détachement du jugement des autres en donnant une réalité à vos difficultés, votre réalité.
Pour vous même, admettez sans culpabilité que VOTRE grossesse n‘est pas celle que vous aviez imaginé …
Autorisez vous à vivre votre intimité de femme enceinte selon vos propres ressentis.
Et surtout acceptez que ceux ci ne remettent pas en question votre capacité à être la
maman de votre enfant.
La dépression pré-natale
Votre mal être peut devenir plus profond et impacter durablement votre quotidien.
Quand les difficultés évoquées plus haut ne sont plus épisodiques et s’installent dans la durée, il devient nécessaire de demander de l’aide.
Les symptômes
Vous vous sentez « sous l’eau » tout le temps, vos pensées sont négatives et la tristesse est permanente.
Au travail vous n’arrivez plus à vous concentrer…
Vous n’avez plus de gout à rien, la culpabilité voire la honte vous paralysent.
Vous pouvez peut être vous noyer dans de multiples activités pour tromper votre profond mal être.
Si tout cela décrit globalement votre état il est possible que vous viviez une dépression pré-natale.
Votre Sage Femme reste une interlocutrice privilégiée qui saura vous conseiller et/ou vous orienter.
Les causes
Elles trouvent leurs origines dans les bouleversements liés à l’état de grossesse et surtout à la sensibilité et l’histoire de chaque femme.
La grossesse si elle peut être bien vécue, reste une profonde re-configuration de son identité.
Dans certains cas, ces transformations sont alourdies par une histoire familiale particulière et peuvent paraître alors, insurmontables !
Une réelle difficulté de diagnostic existe car la grossesse est suivie médicalement comme un événement physiologique aux modifications essentiellement physiques.
On surveille votre poids, votre tension ..la bonne évolution de votre bébé, mais pas spontanément l’état de votre mental.
Et si vous exprimez votre « mal être » il est encore souvent justifié par un « ce sont vos hormones qui vous jouent des tours ! »
Cependant, les témoignages nombreux de femmes « mal installées dans leurs grossesses » font un peu évoluer la prise en charge de la maternité vers une problématique plus globale ( corps et mental )…ENFIN !
Agir pour sortir de l’état dépressif
LA PAROLE ! plus que jamais
Choisissez une personne, dont l’écoute bienveillante vous aidera à verbaliser tout ce qui alimente votre profond mal être.
Votre choix se portera simplement sur la ou les personnes avec qui vous êtes à l’aise !
Sage femme, thérapeute, conjoint, ami(e)s, groupe de parole….
Le silence augmente votre isolement alors que vous êtes en demande de réponses aux questions que soulèvent vos ressentis …
« Est ce que c’est normal ?…. »
« Je me sens coupable, honteuse… »
Parler c’est aussi participer à faire connaitre l’existence d’un possible état dépressif dans cette période que la société impose encore comme « idéale » !
N’oubliez pas qu’une grande partie de vos transformations
sont invisibles pour les autres !
Certes votre ventre s’arrondi et cela se voit …mais tout ce que vous vivez et ressentez à l’intérieur reste invisible pour les gens qui vous entourent.
Votre conjoint peut recevoir au travers de vos plaintes la possibilité de partager vos difficultés avec vous …! Vous lui offrez une place.
Faire connaître votre réalité est ESSENTIEL à l’évolution positive de vos ressentis.
Comme Sophrologue, je vous accompagne dans ces moments de profondes transformations.
Au delà de mon écoute attentive à l’expression libre de vos ressentis, je vous guide progressivement vers l’apaisement de votre état de mal être.
Ne restez pas dans l’isolement !
Osez la parole et acceptez toute l’aide possible, poursuivez votre chemin !